Et maintenant ?
Je, tu, il ou elle, nous, vous, ils et elles sont Charlie.
Au moins 4 millions, voire davantage, si nous cumulons les deux journées de mobilisation*. Pendant une demi-semaine, des gens de tous bords, de tous partis, de toutes religions, se sont unis, réunis, contre la barbarie et l’obscurantisme.
Pour la liberté d’expression.
Alors oui, certains ont entonné la Marseillaise, et les compères de Charlie, où qu’ils soient désormais, ont dû se tordre de rire, sinon de douleur. De même lorsqu’ils ont vu déambuler quasi en tête de cortège des politiciens bafouant au quotidien la liberté d’expression.
Mais passons là-dessus. Si nombreux, nous les avons noyés dans la masse, les rendant presque inexistants.
Nous tairons aussi le fait que la mobilisation aurait pu voir le jour bien plus tôt. Nous sommes aujourd’hui touchés en plein cœur. Mais l’injustice, sous d’autres formes, méritait depuis longtemps que nous nous mobilisions contre elle.
Ainsi donc, c’était triste mais beau à la fois. Ce rassemblement immense pour crier notre droit à la liberté d’expression, notre droit à rire de tout. Mais aussi notre devoir de défendre la laïcité, et comme le dit Richard Malka, notre «droit à pouvoir blasphémer avec tendresse et sérénité».
Ainsi donc, c’était magnifique.
Et maintenant ?
Pour défendre notre liberté d’expression, il convient de neutraliser ceux qui la méprisent, qui la meurtrissent.
Si les auteurs de ces actes terroristes sont à n’en pas douter les premiers responsables d’une telle horreur, nos politiciens et les grosses fortunes ne sont pas loin derrière en terme de responsabilité. Et par extension, nous aussi.
Continuant leur course folle vers la reprise économique, les politiques et entreprises du cac 40 réinventent sans cesse notre besoin de consommer. Par le biais de nombreux médias, ils entretiennent l’idée que notre bonheur dépend directement de notre pouvoir d’achat. Ils nous endorment. Et nous laissons faire. Alors, ils nous oublient, donnant au sacro-saint pognon une priorité absolue, délaissant des sujets aujourd’hui devenus bien plus importants, la sauvegarde de l’environnement, et celle, surtout, de l’Homme.
Délaissés, puis nargués par tant de richesse, d’injustice sociale, certains sont récupérés par de dangereux fanatiques. Une poignée.
En misant sur l’éducation, en revalorisant la jeunesse défavorisée, en misant sur une meilleure répartition des richesses, les politiciens ont le pouvoir, le devoir de changer la donne.
Et par extension, nous aussi.
Car c’est à nous qu’il incombe la lourde tâche d’accepter que de tels changements sont indispensables. D’accepter que la liberté n’est pas dissociable de l’égalité. De la fraternité.
C’est à nous de faire comprendre à nos dirigeants que nos priorités s’humanisent et que le sort de notre prochain compte.
Restons unis et mobilisés. Restons humains avant tout.
L’équipe Quat'rues
Texte écrit quelques jours après l'attentat du 7 janvier.