J'ai rêvé ton prénom.
Tombé au fond de l'océan ou dans un trou d'obus, j'ai tenté de le rattraper. En vain. Sami, Amena, Fahti ou Reem. Je ne le saurai jamais.
Je garderai enfoui en moi, comme un trésor, comme un fardeau aussi, l'intensité de ton regard. Celui implorant ma bonté, ma compréhension, mon aide.

Mais il ne faut pas m'en vouloir. Que faire depuis mon canapé douillet ? Que faire d'autres que de te regarder sombrer dans les abîmes de la monstruosité humaine ?
J'ai trois gosses à nourrir, un patron à satisfaire, un loyer à payer.

J'aimerai te dire que quand tout ira mieux pour moi, que les miens seront à l'abri - cela arrivera, ils me l'ont promis - je viendrai à la rescousse de ton petit frère ou de ta nièce avant que comme toi ils ne se noient ou ne tombent sous une pluie d'obus.
Mais ce serait te mentir. Il semblerait que l'argent appelle l'argent. Il l'appelle tellement fort que le bruit couvre tes cris et tes pleurs. Ces derniers ne rapportent pas de dividendes.

Mais promis, je garderai enfoui en moi, comme un cadeau, comme une punition aussi, l'intensité de ton regard.